II. CONTRIBUTION DE M. VINCENT THIÉBAUT
À la COMMISSION D’ENQUÊTE sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique
Oui à la transition énergétique !
La lutte contre le changement climatique appelle une réponse éminemment globale. La priorité est d’abord de consommer plus utilement et efficacement l’énergie, car l’énergie la plus verte restera toujours celle que l’on ne produit pas.
La France s’est fixé différents objectifs, à travers la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et, plus récemment, la loi énergie climat. Les objectifs fixés sont ambitieux mais nécessaires pour répondre aux enjeux de la transition énergétique : 32% d’énergie renouvelables, neutralité carbone d’ici 2050, réduction de 50% du parc nucléaire pour 2035, lutte contre les passoires énergétiques, etc.
Le rôle de cette commission d’enquête « sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique » est bien de s’interroger sur le meilleur moyen d’atteindre ses objectifs en apportant de la lisibilité et de la clarté sur nos choix et leur financement.
Le développement logique des énergies renouvelables comme réponse à nos objectifs climatiques
Ne nous trompons pas de sujet, l’enjeu de la réduction de nos émissions de C02 aujourd’hui se concentre dans le domaine du bâtiment et des transports.
Les énergies renouvelables possèdent de nombreux avantages, et notamment celui d’offrir une véritable indépendance énergétique : le soleil, l’eau, le vent, la chaleur de la terre, sont des ressources propres, locales et abondantes.
Si nous devons rester vigilants sur la production des ENR pour en assurer une propreté maximale, c’est seulement en nous engageant résolument dans leur production que nous pourrons participer à cette révolution industrielle déjà engagée et ainsi assurer des productions propres, nationales et Européennes.
L’enjeu actuel est celui de la transition des centrales de charbons ou nucléaires existantes qu’il nous faut prévoir très en amont plutôt qu’à remettre en cause l’avènement indispensable de la transition écologique, et que l’on atteigne les objectifs que nous nous sommes fixés.
Le coût, le véritable avantage comparatif
Les coûts des énergies renouvelables sont aujourd’hui en chute libre. Dans le monde, l’ensemble des prix des autres énergies augmente. Les derniers appels d’offre de 2018 ont fixé les prix du photovoltaïque entre 50 et 60 €/MWh, quand les prix moyens de l’éolien terrestre étaient à 65€/MWh. Ces prix sont comparables à ceux de l’électricité sur le marché de gros ! A l’inverse, le prix moyen du nouveau nucléaire constaté à Hinkley Point s’élève à 110€/MWh quand la Cour des comptes (en 2012) prévoyait pour l’EPR de Flamanville des coûts « entre 70 et 90 euros le MWh ». A ce jour il y a une réelle incertitude sur le coûts complets futurs du nucléaire, avec les coûts réels de l’EPR de Flamanville, ceux du « grand carénage » ainsi que ceux liés à la sécurité et la sûreté. En plus d’être prédictibles et contrôlables, les énergies renouvelables sont donc aussi compétitives. C’est pour cette raison qu’elles répondent en partie aux enjeux de demain et qu’elles ont inévitablement vocation à se développer.
Des opportunités économiques immenses dans la transition énergétique
Les rapports sont unanimes sur les potentialités économiques de la transition énergétique, notamment en termes d’emplois. La France et l’Europe, en prenant le virage de la transition, construisent les industries et les emplois d’aujourd’hui et de demain. D’autres le feront si nous ne le faisons pas. Sur l’éolien, il y a en France près de 1100 entreprises actives à toutes les étapes de la vie des projets éoliens et la Direction Générale des Entreprises du Ministère de l’Économie et des Finances estime que la part française de la valeur ajoutée de l’énergie éolienne, sur le territoire, est d’environ 65%, sur l’ensemble du cycle de vie d’un parc éolien. Nombreux sont les emplois domestiques à la clé.
Pour y arriver, notre feuille de route est claire sur la sortie des hydrocarbures, sur la mobilité électrique, complémentaire au développement des renouvelables. Notre dépendance au pétrole, au charbon et aux hydrocarbures en dépend. D’ores et déjà, des acteurs nationaux travaillent et développement les solutions de demain. C’est par exemple le cas sur certains modèles de batteries au sodium fabriquées à échelle industrielle aujourd’hui en France et qui s’inscrivent résolument dans la stratégie européenne des batteries.
Un avenir décentralisé : la réappropriation par les citoyens comme réponse à de nombreux défis
L’avenir de l’énergie sera nécessairement décentralisé. Dans tous les domaines, on observe une forte demande des citoyens de se réapproprier leur consommation. L’énergie ne fait pas exception. Pour y répondre, il nous faut aller plus loin dans la décentralisation de l’énergie pour que les citoyens puissent se réapproprier la production et la consommation et ainsi libérer les potentiels énormes d’énergies renouvelables dont nos territoires regorgent : de la géothermie à la méthanisation, en passant par le soleil les forts couloirs d’airs de nos côtes…
Les acteurs de cette transition ne pourront plus non plus être monopolistiques et centralisés. La nécessaire diversification des acteurs et des filières est essentielle pour stimuler l’innovation du secteur.
De ces constats naissent des recommandations :
- – L’État devrait pouvoir s’assurer de la bonne répartition des moyens de production de la transition énergétique en association les collectivités territoriales à travers des contractualisations et en fixant des objectifs de péréquation pour assurer la bonne prise en compte des ressources territoriales et de justes répartitions sur nos territoires.
- – Concernant le secteur du bâtiment, une meilleure visibilité des aides pour les particuliers, un renforcement des moyens et des contrôles sur site accrus sont des gages de réussite pour la transition de ce secteur. L’objectif doit être de s’insérer dans une logique d’obligation de résultats plus qu’un constat du bon engagement des moyens.
- – Les moyens affectés par l’État à la transition énergétique devraient pouvoir coller davantage à la vision stratégique claire et de long terme de la transition énergétique. Il est nécessaire de s’assurer de la disponibilité et de la mise en place des moyens nécessaires pour parvenir à l’atteinte des objectifs fixés en assurant une planification et un suivi continu des moyens liés aux stratégies établies.
- – Investir dans les filières industrielles de la transition énergétique est aujourd’hui urgent afin de faire émerger des acteurs français et européens de premier plan dans la transition énergétique. Nous avons les objectifs, il nous faut aujourd’hui les moyens et les outils.
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