Conférence de presse de Jean Castex et d’Olivier Véran du 12 novembre 2020

15 jours après la mise en place du confinement : situation, mesures, perspectives.

Bilan de la situation : 2e vague forte qui touche aussi l’ensemble de nos voisins européens.

➜ L’impact sanitaire reste lourd avec augmentation continue du nombre de décès : plus de 10 000 ces derniers mois avec 42 500 depuis le début de la pandémie dont entre 400 et 500 en 24h ces derniers jours : ¼ décès est lié au COVID.

🗣 “Je veux dire aux familles ma solidarité et mon émotion.”

La pression sur les hôpitaux est accrue et soignants dans des situations extrêmes : nous avons anticipé et notre seul exigence est de faire face et d’éviter le drame de prises en charge dégradées.

➜ 1 admission toutes les 30 secondes, et une réanimation toutes les 3 minutes.
➜ 40% des réanimations ont moins de 65 ans.
➜ Le pic d’avril est aujourd’hui dépassé avec 4803 malades en réanimation, soit 95% de
nos capacités normales hors crise.
➜ 1300 lits supplémentaires armés pour accueillir plus de malades, COVID ou non ;
capacité maximale si nécessaire portée à 10 400 lits armés.

🗣 “Je veux dire une nouvelle fois toute mon admiration au personnel de santé, ils sont remarquables de compétence, d’engagement et de solidarité.”

➜ Les soignants ne nous demandent pas plus de lits, parce qu’ils savent que la formation ne peut pas se faire en 6 mois, mais de tout mettre en oeuvre pour éviter que les malades arrivent à l’hôpital.

Bilan du confinement : pas de reproduction du confinement du printemps qui s’était traduit par mise à l’arrêt, les effets sont aujourd’hui cohérents avec ce que nous recherchions.

➜ Un confinement adapté qui limite les déplacements, mais qui préserve l’éducation de nos enfants et préserve autant que possible ses impacts sur l’emploi et l’économie.
➜ Réduction forte des déplacements depuis 2 semaines : -20% par rapport à septembre, -55% de fréquentation du métro à Paris, et -90% du réseau aérien domestique, -80% du trafic SNCF.
➜ Recours accru au télétravail : 45% des salariés privés ont télétravaillé au cours de la semaine écoulée avec une moyenne de 3,7 jours par semaine, mais nous pouvons encore progresser. La sécurité sanitaire est au premier plan de notre stratégie, tout en préservant l’activité économique et donc l’emploi.
➜ De ce point de vue, les dernières données de la Banque de France montre une baisse de l’activité économique de 12% en novembre, 3 fois moins qu’au printemps.
➜ L’évolution du nombre de nouvelles contaminations s’est ralentie cette dernière semaine, si l’on raisonne en moyenne sur 7 jours une baisse est de l’ordre de 16% : évolution positive mais prudente.

👉 Inflexion de la courbe, cette tendance indiquerait que le taux de reproduction est passé en dessous de 1 pour se situer entre 0,8 et 0,9 ; mais elle est fragile et doit être confirmée dans la durée. Il n’y a pas encore d’impact sur l’évolution sur le nombre d’hospitalisations, ce qui est l’objectif fondamental.
👉 La stratégie de confinement équilibré semble produire les premiers effets attendus. De plus : il serait irresponsable de lever ou d’alléger le dispositif dès maintenant, adaptation des règles dans les lycées pour accroître la sécurité sanitaire.
👉 Nous avons donc décidé de maintenir inchangées pour 15 jours les règles du confinement : les commerces fermés le resteront encore pour 15 jours supplémentaires.
👉 L’angoisse et l’inquiétude des commerçants : notre objectif est de parvenir à une ouverture pour les fêtes. Nous devons également continuer à apporter un soutien économique massif aux commerces et entreprises obligées de fermer : “je prends les responsabilités pour protéger chacun des effets économiques du confinement.”

➢ Versement des aides financières au titre de l’activité partielle et fonds de solidarité pour novembre : tout faire pour sauver nos petits commerces.
➢ Soutien aux salariés en prolongeant chômage partiel, et pour les demandeurs d’emploi en fin de droit
➢ Tout doit être fait pour éviter la bascule dans la précarité, nous reconduisons le dispositif de prolongation des droits des demandeurs en fin de droit le temps du confinement.

👉 Nous sommes attentifs à l’isolement des plus jeunes, en particulier des étudiants .

Dans les prochains jours, sur proposition de Frédérique Vidal :

➢ Chacune des universités va disposer de renforts pour les CROUS pour accompagner les 1er et 2e années : 1600 emplois étudiants vont être créés d’ici janvier dans un contexte de raréfaction de l’emploi étudiant.
➢ Déploiement important de “un jeune, une solution” qui fait partie du plan de relance.

🔴 L’enjeu des jours qui viennent est de ne pas relâcher les efforts et de les amplifier : nous constatons un respect insuffisant des règles : consignes de fermeté à Gérald Darmanin et augmentation de la mobilisation des forces de l’ordre.

➜ Depuis 30 octobre : 481 000 contrôles pour 88 455 verbalisations, dont 300 ouvertures d’ERP.

🗣 “ Au-delà des contrôles, j’en appelle au civisme : le respect de ces règles est uniquement destiné à protéger notre santé. Nous devons rester constants et cohérents, c’est ce qui nous amène à ne pas modifier les mesures aujourd’hui. Pour autant, si nous ne modifions pas les choses aujourd’hui, il est important de donner de la visibilité sur ce qui pourrait se passer dans les prochaines semaines.”

Point sur la situation sanitaire (Olivier Véran)

Nous suivons 2 indicateurs : circulation du virus + pression sur le système hospitalier.

➜ Depuis une semaine il y a un infléchissement du nombre de cas positifs avec une petite tendance à la baisse.

👉 Si cette tendance ne se confirmait pas la semaine prochaine et que les patients en réanimation continuent d’augmenter, alors il faudra prendre des mesures supplémentaires pour arrêter la vague.

👉 Si au contraire, le nombre de patients en réanimation diminue comme nous l’espérons, nous pensons que le pic de la 2e vague pourrait être atteint en début de semaine prochaine : cela signifierait que le nombre de patients en réanimation pourrait commencer à diminuer.

➢ C’est une première étape importante mais insuffisante pour le système hospitalier, si l’augmentation des chiffres confirmait que nous restons bien en ligne avec cette perspective, alors, des mesures d’allégement à partir du 1er décembre MAIS
strictement limitées aux commerces fermés au confinement, et sur la base d’un protocole renforcé.
➢ Cette première étape ne pourra pas concerner d’autres ERP où les risques sont plus élevés (bar, restau, salles de sport) pour lesquelles nous maintiendrons les aides.
➢ Notre objectif est de pouvoir alléger progressivement pour permettre aux Français de se retrouver pour Noël : mais les fêtes ne pourront pas se passer comme nous en avons l’habitude .

Point sur la situation hospitalière (Olivier Véran)

➜ Décalage entre contamination et les formes graves : pas encore dans une phase de réduction des admissions à l’hôpital et en réanimation. Donc la pression sanitaire continue d’augmenter sur la médecine de ville, l’hôpital et les services de réanimation.
➜ Pour faire face à la pression sanitaire, nous poursuivons la préparation des hôpitaux : plus de 7 700 lits armés.
➜ Pour Auvergne-Rhône-Alpes : doublement du nombre de lits (de 600 à presque 1200).

👉 Cela repose sur de gros efforts quotidiens : déprogrammation de soins non urgents et préservation de l’activité indispensable ; mobilisation des soignants, étudiants, infirmiers et retraités qui se sont formés ces derniers mois ; évacuations sanitaires vers les régions
moins en tension avec une logistique lourde.
👉 Il a été décidé de prendre en charge les frais d’hébergement et de transport pour 1 accompagnant dans le cas d’un patient évacué.

➜ Nous avons également appris sur la prise en charge des malades avec une meilleure connaissance de la logistique avec une prise en charge qui s’organise désormais davantage avec la médecine de ville au domicile des patients, pouvant aller jusqu’à l’équipement en
oxygène de malades.
➜ Par ailleurs, déploiement de télémédecine qui permet d’accompagner les malades à domiciles.
➜ Amélioration également des capacités de prise en charge dans les unités de soin critique qui permet de prendre en charge des malades sans les envoyer directement en réanimation : cela permet une augmentation massive de la prise en charge des malades.
➜ Si nous avons atteint le niveau de prise en charge des malades de la première vague, nous avons atteint un niveau inférieur d’hospitalisations par rapport à la 1ère vague. Par ailleurs, la prise en charge est moins longue avec une possibilité de sortie précoce. Cela
permet la diminution de l’impact sur la pression hospitalière.
➜ Concernant les tests antigéniques, rappelons qu’il y a toujours plus de 2M de tests PCR réalisés chaque semaine (la France reste le pays qui teste le plus). Le test antigénique est une innovation majeure (résultats plus rapides sans passer par un laboratoire) avec une  excellente fiabilité des tests positifs (un peu moins sur les négatifs) avec des expérimentations grandeur nature ces dernières semaines et ces tests se déploient dans les services d’urgence, les aéroports, les ports,… et bientôt dans les établissements scolaires
pour le personnel.

👉 Désormais, si on est symptomatique, des pharmaciens, médecins libéraux, infirmiers de ville sont formés : ils peuvent donc proposer de réaliser des tests antigéniques (si ils ont fait le choix de se former). Hier, 3 000 personnes ont été diagnostiquées de la sorte.
👉 Si on est asymptomatique mais cas contact : faire un test PCR. Si asymptomatique mais pas cas contact : dépistage par un test antigénique.

➜ Pour les collectivités et entreprises qui souhaitent réaliser une campagne de dépistage : présentation de protocoles pour accompagner la réalisation de dépistage sous la responsabilité de professionnels de santé.

👉 Nouvelle commande de plus 20M de test par un marché public avec possibilité pour les professionnels de santé d’acheter eux-mêmes des tests.

Education nationale (Jean-Michel Blanquer)

La gestion de la crise impose de concilier 2 exigences : continuité des apprentissages et protection sanitaire.

➜ Tests en CP/CE1 : nous constatons que les élèves de CP ont un peu pâti du 1er confinement dans leurs apprentissages, les élèves de CM2 eux ont continué les progrès de l’année précédente. Il ne faut pas perdre de vue l’enjeu majeur de continuité des
apprentissages.
➜ Protocole sanitaire défini en juillet : différentes mesures en fonction de la situation épidémiologique. En septembre, retour en classe de la quasi-totalité des élèves, ce qui reste un objectif fondamental.
➜ Depuis le 2 novembre : durcissement du protocole notamment avec la limitation du brassage, généralisation du masque dès le CP, désinfection plus fréquente et aération des locaux. Quelques jours pour s’adapter mais certains établissements ont plus de
difficultés.
➜ Dans les lycées : il est complexe d’organiser la limitation du brassage, la structure du groupe classe est moins stabilisée et l’âge des élèves et leur mode de vie les rend plus sensibles aux risques sanitaires.

👉 Donc souplesse dans les lycées avec une adaptation locale : quand un lycée le peut le présentiel à 100% reste souhaitable, si pas possible alors proposition de solution hybride avec un minimum de 50% de présentiel d’ici la fin de l’année civile

👉 Mise en place d’un plan précis de continuité pédagogique qui détaille les conditions de l’enseignement à distance pour chaque élève. En lien avec les collectivités locales : acquisition de matériel informatique et formation des prof.

➜ Les académies ont mis en place des cellules de continuité pédagogique.
➜ Forte mobilisation des chefs d’établissement et des professeurs : déploiement à venir de plus d’assistants d’éducation et de professeurs remplaçants.

➜ Politique de test : plus de dépistage des personnels, dans les prochaines heures instruction sera envoyée pour que les personnels de l’EN soit reconnus comme prioritaires dans l’accès au test, particulièrement dans les zones les plus exposées au virus.

Mise en place du confinement dans les milieux professionnels et notamment télétravail (Elisabeth Borne) :

La situation n’est pas la même qu’au printemps : en mars, il a été demandé à chacun de rester chez soi avec un arrêt brutal de l’activité.

➜ Aujourd’hui nous avons une volonté de maintenir l’activité économique avec une règle claire en matière de télétravail :

👉 ceux dont les tâches peuvent être entièrement réalisées à distance doivent télétravailler 5 jours sur 5
👉 ceux qui ne peuvent télétravailler que partiellement ou qui sont dans l’incapacité de le faire peuvent continuer à se rendre sur leur lieu de travail en toute sécurité grâce au protocole sanitaire.

➜ Ces règles sont en vigueur depuis 2 semaines avec une 1ère semaine test : une enquête montre que la majorité des employeurs et salariés jouent le jeu.

👉 Mais tous les français ne peuvent pas télétravailler. ⅓ le peuvent facilement, plus d’⅓ ont des emplois qui ne sont pas télétravaillables.
👉 Une large majorité de ceux qui ont des emplois qui peuvent être télétravaillés l’ont fait : 45% des salariés du privé la semaine dernière, dont 23% 5 jours / 5 ; moyenne de 3,7 jours semaine.
👉 Dans la fonction publique : près de 40% en télétravail (sauf Education nationale, Police et Gendarmerie) contre 18% la semaine précédente sachant que volonté de maintenir les services publics ouverts.

➜ Prévention de l’isolement : 4 français sur 10 disent sentir de l’isolement, mise en place d’un numéro vert d’écoute 0800 13 000.
➜ Il y a encore des marges de progrès pour que plus d’actifs télétravaillent : chaque heure de télétravail compte.
➜ Le choix du maintien de l’activité économique du pays permet à de nombreux secteur de poursuivre :

👉 340 000 créations d’emplois au 3e trimestre, qui sera dynamisé avec le plan de relance.
👉 Dispositif d’accueil des demandeurs d’emploi est maintenu : la priorité reste l’emploi.
👉 La situation est difficile, nous devons plus que jamais rassurer et protéger : prolongation des droits pour les chômeurs en fin de droit. Par exemple : fin de droit en novembre continuera à toucher son ARE en décembre.
👉 Délai supplémentaire pour inscription à Pôle emploi pour rassembler tous les justificatifs nécessaires.
👉 Allongement de la période de référence : 4 mois de travail sur une période de 27 mois + la durée du confinement.

Accompagnement économique des secteurs impactés par les mesures de sécurité
sanitaire (Bruno Le Maire) :

➜ Problèmes des stocks constitués en prévision des fêtes de Noël et réalisation d’un chiffre d’affaire important pendant les fêtes : la réouverture est vitale mais il faut pour cela que chacun respecte les règles pour le permettre.

➜ Toutes les mesures de soutien économique massives continueront de s’appliquer dans les 15 jours :

– les commerçants fermés administrativement : aide jusqu’à 10 000€ pour le fonds de solidarité, activité partielle, exonération de charges sociales, report du remboursement du PGE. Chaque commerçant fermé doit pouvoir déclarer le chiffre d’affaire perdu d’ici début décembre pour bénéficier de l’aide dans les 1er jours de décembre. l’aide est cumulable avec les revenus du C&C qui peut être un appoint
financier pour certains.
– la question des loyers reste majeure : à la demande du PR, mise en place d’un dispositif simple, massif et nouveau pour les loyers des commerçants : en accord avec les fédérations, mise en place d’un crédit d’impôt de 50% pour tous les bailleurs qui renonceront au loyer du mois de novembre pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés. Nous invitons les bailleurs signataires à renoncer dès à présent au loyer de novembre. Question des ETI qui sont aussi menacées : de 250 à 5000 salariés, le dispositif loyer s’applique aussi mais dans la limite d’un montant des ⅔ du loyer.

➜ Application des nouvelles règles sanitaires au moment de la réouverture des commerces : travail sur renforcement de la jauge, prise de RDV…

👉 Engager une consultation avec tous les secteurs où le port du masque n’est pas possible (restauration ou salle de sport) où la réouverture est encore plus difficile pour leur donner de la visibilité.

Jean Castex

🗣 “ Je veux vous dire combien je ressens les difficultés du pays. Je mesure les souffrances, et parfois le désespoir de beaucoup d’entre vous.

Adopter des mesures difficiles constitue évidemment une crève-coeur mais il est de ma responsabilité de le faire. Mon devoir est de vous protéger contre le virus et ses ravages, contre le terrorisme, contre le chômage. Le gouvernement comme moi-même sommes mobilisés 24h sur 24h, 7 jours sur 7 sous l’autorité du Président de la République.

Nous avons fait le choix d’accompagner massivement ceux qui souffrent, ceux qui sont fragiles et vulnérables, ceux qui font l’objet de mesures administratives rendues nécessaires pour lutter contre la propagation de l’épidémie. Et nous continuerons d’agir dans ce sens.

Cette crise nous donne à tous le moyen d’être un acteur de la lutte contre l’épidémie : car nul ne peut se croire invulnérable ou épargné. […] Le seul combat qui m’obsède, c’est celui de notre sécurité. La seule courbe qui m’obsède c’est celle des malades admis en
réanimation.

Grâce à nos efforts collectifs, grâce aux perspectives qu’ouvrent l’arrivée de vaccins, je suis sûr que nous surmonterons cette crise inédite.”