Fiche d’information sur les dangers du glyphosate
Des inquiétudes
Le glyphosate est la substance herbicide la plus utilisée en Europe et dans le monde (800 000 tonnes par an dont 8 000 tonnes en France).
Cette substance a été classée en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme agent cancérigène probable pour l’homme (catégorie 2A : niveau de preuve suffisant chez l’animal – études expérimentales / niveau de preuve limité chez l’homme – études épidémiologiques – lymphome non hodgkinien). Toutefois, les agences européennes d’évaluation (Autorité européenne de sécurité des aliments – EFSA et Agence européenne des produits chimiques – ECHA) n’ont pas classé le glyphosate comme cancérigène.
Ces conclusions divergentes pourraient s’expliquer du fait de l’utilisation de référentiels d’études différents (le CIRC se fonde sur les articles publiés dans la littérature scientifique sur la substance et les produits en contenant, alors que les agences utilisent les études expérimentales requises par les règlements européens et uniquement sur la substance).
Une polémique soulevée avec l’affaire des « Monsanto papers » (documents internes de Monsanto rendus publics) a pointé la question de l’indépendance des experts et de la transparence des processus d’évaluation, invoquant l’influence de Monsanto envers l’EFSA (ce que cette dernière réfute) mais aussi la pratique par Monsanto du « ghost-writing » ou « écriture fantôme » (diffusion dans des revues scientifiques d’études réalisées par Monsanto mais signées par des experts considérés comme indépendants).
De plus, le toxicologue Peter Clausing estime que les instances d’évaluation européennes (EFSA et ECHA) ont négligé des études chez l’animal montrant des preuves claires d’un effet cancérigène du glyphosate.
Outre les inquiétudes sur le caractère cancérigène (lymphomes non hodgkinien), d’autres doutes subsistent quant à la toxicité chronique des produits à base de glyphosate notamment la toxicité sur la reproduction (malformations de l’œsophage) ou encore la toxicité rénale (du fait du potentiel chélateur de métaux du glyphosate).
D’autres inquiétudes, à investiguer, pourraient être générées par les propriétés antibiotiques du glyphosate, dont les effets et conséquences ne sont pas étudiés dans le cadre des évaluations européennes réglementaires.
Pollution des sols
Par ailleurs, le glyphosate est une substance « indispensable » pour les cultures génétiquement modifiées (maïs, soja, …). Les semences vendues par Monsanto sont résistantes au glyphosate qui détruit toutes les adventices sauf la plante cultivée. Les effets de ces cultures, utilisées principalement pour l’alimentation animale au niveau mondial, génèrent d’importantes inquiétudes quant aux conséquences sur la santé des animaux nourris par ces aliments mais aussi sur la santé des populations vivant à proximité de ces cultures OGM intensives.
De plus, du fait de son utilisation massive, le glyphosate est responsable d’une pollution des sols et des milieux aquatiques (le glyphosate et son métabolite AMPA sont présents dans plus de 75% des cours d’eau français selon les données des agences de l’eau de 2017).
Le 25 octobre 2017, le France a voté contre le renouvellement pour 10 ans de l’approbation du glyphosate, compte-tenu de toutes ces incertitudes qui subsistent sur cette substance et les produits en contenant. Plus généralement, le Gouvernement s’est engagé à obtenir dans les prochaines années des progrès significatifs vers l’interdiction de l’usage des substances dangereuses et vers une agriculture moins dépendante aux pesticides.
L’utilisation du glyphosate par le grand public sera interdite au 1er janvier 2019, comme l’ensemble des autres produits phytopharmaceutiques. Dans l’attente, le ministère des solidarités et de la santé attire l’attention de la population sur la nécessité de respecter les conditions d’utilisation de ces produits, d’en limiter l’utilisation et d’éviter l’exposition chez les populations sensibles (femmes enceintes et jeunes enfants).