Les Stolpersteine, une réalité mémorielle, historique et artistique

Stolpersteine est le pluriel du mot allemand Stolperstein qui signifie obstacles mais que l’on peut traduire littéralement par pierres d’achoppement, pierres sur lesquelles on peut trébucher.

Ces pierres sont la création de l’artiste allemand Gunter Demnig né après la Shoah. Ce sont de petits dés de béton de 9,6 cm de côté scellés au même niveau que les autres pavés du sol. La face supérieure est recouverte d’une plaque en laiton qui rappelle la mémoire d’une victime du nazisme. Chaque cube rappelle le nom et le destin d’une personne persécutée ou déportée, puis assassinée dans un camp de concentration ou dans un camp de la mort parce qu’elle était opposante politique au régime, handicapée, juive, rom, membre de la Résistance, considérée comme asociale, homosexuelle, ou témoin de Jéhovah.

À la mémoire des personnes juives handicapées du Sonnenhof

Ces petits pavés de béton recouverts d’une plaque en laiton gravée sont scellés dans le sol, devant le dernier domicile connu des victimes du nazisme.

Ils s’appelaient Maurice Trunschgunsky, Henry Batjel, Marcel Lévy, Lucien Kahn, Alice Dreyfus, Caroline Bohr… ils avaient entre 7 et 55 ans, ils étaient tous handicapés et résidents de la Fondation protestante du Sonnenhof durant la guerre, ils ont été déportés à Auschwitz ou ils ont disparu sans laisser de traces entre le 24 juillet 1940 et le 10 décembre 1942 […] Richard Aboaf, membre de l’association Stolpersteine 67

La cérémonie a été le 4 juillet 2021 organisée par Gerdy Dreyer, conservateur du musée du Sonnehof et membre de l’association Stolpersteine 67, Anne Caroline Bindou, Directrice générale de la Fondation Protestante Sonnenhof, Jean Claude Girardin, Président de la Fondation Protestante Sonnenhof et Richard Aboaf, Président l’association Stolpersteine 67. Elle a eu lieu sur deux lieux de la Fondation à Oberhoffen et Bischwiller.

Harold Weill, Grand Rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, était présent. Ensemble, nous avons évoqué les personnes handicapées juives déportées du Sonnenhof et salué la pose de ces Pavés de la mémoire.

Partout dans le monde, ici habitaient des personnes déportées …

Plus de 75 000 pavés ont déjà été posés dans 26 pays européens en l’espace de 25 ans.

Encastrées dans le trottoir devant le dernier domicile ou dernier lieu de travail des victimes en 1939, plus de 70 000 Stolpersteine ont ainsi été posées depuis 1993, non seulement en Allemagne mais aussi dans 22 pays européens et en Argentine.

Sur chaque plaque est indiqué « ici habitait » ou « ici travaillait » avec ensuite le nom, l’année de naissance et le destin individuel de chacune des victimes déportées. Le concept – une victime – une pierre aide à prendre conscience de l’ampleur des crimes nazis (6 millions de personnes c’est une petite fille + sa maman + son grand-père + etc…) mais aussi à réhumaniser les victimes devenues un matricule en réinsérant leur nom et leur prénom dans l’espace public qui est le nôtre aujourd’hui.