Compte rendu des grands débats sur la 9ème circonscription du Bas-Rhin

 

Le grand débat national

Suite à la proposition du Président de la République, le Grand Débat National a été lancé, en réponse au besoin de nombreux Français d’être davantage écoutés, et d’être plus directement associés à l’élaboration des politiques publiques.

Depuis plusieurs mois, mon équipe et moi-même avons reçu et rencontré de nombreux citoyennes et citoyens de notre circonscription. Lors de ces échanges nous avons constaté une véritable attente et envie de dialogue et de participation, exprimées par nos concitoyens.

Je suis convaincu que le Grand Débat National, est une véritable opportunité pour la vie politique nationale ou locale, et renouer le dialogue avec nos concitoyens et qu’il nous faut nous en saisir. Il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir.

 

Constat à propos des grands débats réalisés

 J’ai programmé 4 grands débats sur des communes de ma circonscription, des citoyens en ont organisé 6 et la commune de Bischwiller 1. Cela représente 22 communes et une communauté de communes (la CCBZ) de la 9ème circonscription qui ont participé à la réalisation de ces grands débats.

Au final nous en sommes à :

  • Gries – débat organisé par un collectif de citoyens : 60 participants
  • Haguenau  – débat organisé par un collectif de citoyens : 12 participants uniquement sur réservation
  • La Wantzenau – débat organisé par le député : 130 participants
  • Haguenau – débat organisé par le député : 200 participants
  • Brumath – débat organisé par le député : 180 participants
  • Mittelschaeffolsheim – débat organisé par un collectif de citoyens avec le soutien de 5 communes : 35 participants
  • Bietlenheim – débat organisé chez lui par un citoyen – 15 participants
  • Weitbruch – débat organisé par un collectif de citoyens : 51 participants
  • La Walck – débat organisé par un collectif de citoyens : 10 participants
  • Bischwiller – débat organisé par le maire : 60 participants
  • Weyersheim – débat organisé par le député : 55 participants

 La totalité des citoyens est donc de 808 citoyens pour 11 grands débats.

 

Déroulement des grands débats

Pour Gries, La Wantzenau, Haguenau, Brumath, Mittelschaeffolsheim, Weitbruch et Weyersheim, le schéma du déroulement de la soirée a été sensiblement le même

Ce qui a été proposé comme fonctionnement :

1ère partie – débat libre et doléances pendant une durée de ¾ d’heure.

 2ème partie – discussion en atelier au choix sur les quatre débats thématiques proposés dans le cadre du grand débat national. Cette deuxième partie aura une durée d’une heure.

3ème partie – reprise en plénière pour un compte-rendu et une synthèse rapide des travaux en ateliers

Ce qui s’est finalement déroulé comme fonctionnement :

Haguenau – débat sur le thème Fiscalité et dépenses publiques en petit comité dans un café.

Gries – une première partie en plénière de débat libre, une deuxième partie en plénière de débat sur deux sujets : fiscalité et écologie.

La Wantzenau et Haguenau – 1ère partie en plénière et 2nd partie en plénière sans sujets proposés suite à un vote des personnes présentes.

Brumath – 1ère partie en plénière et 2nd partie en plénière pour la moitié des participants et trois ateliers pour le reste des citoyens sur deux thèmes : Transition écologique et Démocratie et citoyenneté suite à un vote des personnes présentes.

Mittelschaeffolsheim – 1ère partie en plénière et 2nd partie en plénière, discussion libre sur les quatre sujets

Bietlenheim – débat sur le thème La transition écologique : Comment concilier localement justice sociale et transition écologique.

Weitbruch – 1ère partie en plénière et 2nd partie en ateliers : les quatre thèmes ont été traités.

La Walck – 1ère partie et 2nd partie en plénière : les quatre thèmes ont été traités.

Bischwiller – Les quatre thèmes ont été traités en ateliers

Weyersheim – 1ère partie et 2nd partie en plénière : les quatre thèmes ont été traités.

Observations à propos des grands débats

Climat général

Haguenau – débat détendu dans un cadre agréable (un café de Haguenau). Sujet unique sur la fiscalité. Des citoyens concernés et des propositions.

Gries – des citoyens venus de plusieurs communes – des citoyens intéressés – légère opposition de gilets jaunes en fin de soirée. Quelques propositions.

La Wantzenau – peu de jeunes – 8 gilets jaunes – beaucoup de constat et de doléances – peu de constructif – quelques pistes de solutions – une belle écoute de la part de tous – un ou deux points chauds.

Haguenau – 1/3 des citoyens sont des gilets jaunes venus en groupe. Visiblement deux groupes (Roppenheim et Brumath) – une 20aine de jeunes, quelques chefs d’entreprises ou cadres – des retraités. Le climat est tendu voir houleux. À la pause des ¾ d’heure de la 1ère plénière, un tiers de la salle se vide dont un groupe de gilets jaunes. Beaucoup de paroles, de constats de l’existant ont été dits. Quelques représentants politiques qui font un plaidoyer sur leurs idées.  Des inexactitudes ont été rectifiées. Quelques propositions d’amélioration et de co-construction ont été proposées.

Brumath – Il y a des gilets jaunes, certains que nous connaissons, déjà vues sur les ronds-points, à la permanence du député ou dans les grands débats précédents. Les gilets jaunes sont une trentaine, rejoints par des individuels stylo-rouge ou SNCF. Il y a une vingtaine de jeunes (18-25 ans), deux adolescentes (dont une prendra la parole deux fois) et un enfant d’une dizaine d’année (qui a dit être intéressé par le débat). À la pause de la 1ère plénière, un grand nombre (pratiquement tous) les Gilets Jaunes quittent la salle (à la question des solutions, l’un d’eux dit avant de partir « nous les payons assez chers là-haut, c’est à eux de trouver des solutions, pas à nous »). La deuxième partie de soirée est plus apaisée. Trois ateliers de réflexions se montent spontanément et avec dans chacun entre 10 et vingt personnes : les comptes-rendus des ateliers sont clairs, synthétiques et avec des propositions.

Mittelschaeffolsheim – 4 mairies de 4 communes ont bien aidé le collectif citoyen organisateur à la diffusion de l’information par la distribution de tracts dans chacune des boîtes aux lettres des citoyens. Les citoyens et les maires présents déplorent avec tristesse le peu de monde à ce grand débat. En petit groupe (35 personnes) la discussion a été constructive, intense et a couvert beaucoup de sujets, notamment sur l’immigration, les aides sociales. Il y a beaucoup de retraités, des chefs d’entreprise, pas de jeunes. Quelques propositions.

Bietlenheim – Ateliers de réflexion qui ont permis de produire collectivement 11 propositions nationales et 10 propositions locales concrètes.

Weitbruch – Beaucoup de retraités, très peu de femmes (3), 1 jeune de 35 ans … Les citoyens avaient chacun préparé le grand débat et lors de la première plénière ont lu leurs contributions (presque un tiers des interventions). La circulation de la parole en plénière a été naturelle. Le travail en atelier a été prolongé de plus de 20 minutes à la demande des quatre groupes. Les comptes-rendus ont été riches en réflexions et en propositions.

La Walck – Climat serein. Beaucoup de retraités, un élu. Il n’y a pas eu de tension. Le débat a été constructif et il y a eu des propositions

Bischwiller – Une majorité de retraités. Les débats ont été très constructifs. Des propositions ont été faites : des propositions locales et des propositions nationales. Le maire propose d’inclure les propositions locales au débat des prochaines élections municipales.

Weyersheim – Quelques jeunes, un agriculteur, des retraités, quelques maires et élus, … Quelques citoyens aussi qui avaient participé à quelques autres grands débats. Le débat a été très concentré et très productif. Le développement durable à pratiquement occupé toute la première partie. Le sentiment est que toutes les personnes présentes se trouvent très concernés sur la situation du réchauffement climatique et sur l’urgence des solutions à trouver. 5 solutions concrètes lors du débat sur la fiscalité. Un débat très profond également sur Démocratie et citoyenneté. Soirée très productives, sereine et riche en propositions.

 

Ce qui a été dit

Globalement, et sur la totalité des grands débats (sauf Haguenau  et Bietlenheim plus spécifique), les plénières ont été un immense exutoire : des parole,s des doléances, des récriminations, des attaques contre le gouvernement, des constats.

La parole est ouverte ; les acrimonies accumulées depuis tant d’année trouvent un exutoire dans le grand débat national.

Il n’y a pas que les « Gilets Jaunes » qui s’expriment mais aussi des infirmières, des professeurs, des retraités, des chefs d’entreprises (TPE).

Il y a aussi des témoignages positifs (cadres d’entreprises, entrepreneurs, retraités, salariés, citoyens) et aussi des réactions fortes à des propos comme « On n’est pas en démocratie. », « On ne nous entend pas. », …

Les débats sont quelquefois véhéments, il y a aussi quelques tensions, même si celles-ci existent avec parcimonie. L’animateur n’a pas à intervenir fortement.

À part Haguenau 2 et Brumath où il y avait une forte affluence, les débats dans les autres communes ont été plus intenses en réflexion avec une grande écoute et des propositions ; cela est sans doute dû au fait que les citoyens y étaient moins nombreux, que les gilets jaunes y aient été moins présents, voir absents.

 

Prospectives

Comme le dit, dans La Croix du 17 février 2019 dans un article titré Gilets jaunes : Nous vivons une crise de la parole autant qu’une crise économique, le psychanalyste Jean-Pierre Winter :  » […] Le désir, réprimé jusque-là, de prendre la parole. Ce qui se passe sur les ronds-points, c’est-à-dire « à la croisée des chemins », c’est le rassemblement de personnes qui, au-delà de leurs revendications, sont venues là poussées par le désir de se voir et de se parler. J’ai connu cela en 1968 : au-delà de nos idées politiques, nous étions heureux de discuter de nos difficultés, nos défaillances, nos révoltes… Depuis quelques mois, les gens ont fait cette découverte : alors qu’ils ne se parlaient plus, ils partageaient les mêmes galères. Mais ils n’avaient plus d’endroits pour se les dire […] « .

 

Il est très intéressant de noter également qu’il s’agit à presque tous les grands débats de la circonscription de rencontres improbables : des gens, qui n’ont jamais l’occasion de se côtoyer, de débattre, de faire société, se retrouvent et parlent ensemble. Il y a un indispensable temps d’écoute de l’autre : de l’autre et de ses souffrances, de ses situations, de ses revendications. Ce temps d’écoute indispensable est le préalable au débat, au dialogue, aux échanges et à une possible co-construction.

Il va falloir du temps et bien au-delà de la date du 15 mars pour retrouver une concorde et un dialogue constructif.