La maison brûle et nous regardons ailleurs !

 

Les enjeux de la COP 27

La COP 27 s’est ouverte le 6 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Egypte, et s’est terminée le 20 novembre, ce qui en fait une des plus longues COP (Conférence des parties). C’est la 27ème COP depuis celle de Berlin en 1995.

Avec l’accroissement continu des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial depuis les années 1990, ces sommets sont devenus essentiels pour maintenir le problème climatique au cœur de l’agenda international et garantir une coopération minimale des États en la matière. Ces sommets servent aussi de plateforme permettant aux militants, associations et organisation non-gouvernementales de sensibiliser et d’alerter l’opinion publique, et aux entreprises de communiquer sur leurs initiatives environnementales.

L’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre

La déclaration adoptée a été le fruit de nombreux compromis : elle appelle à une réduction « rapide » des émissions mais sans ambition nouvelle par rapport à la COP 26.

SI l’objectif de 1,5° de hausse maximale, contenu dans l’accord de Paris, est réaffirmé dans la décision finale, le texte a été dénoncé comme un recul sur les ambitions définies précédemment par plusieurs pays. Selon plusieurs rapports scientifiques, les engagements actuels des pays signataires de l’accord de Paris ne permettent pas de tenir l’objectif de 1,5°C, ni même celui de 2°C. Ces engagements, s’ils étaient tenus sans faille, iraient vers 2,4°C de + au mieux et 2,8°C dans le pire scénario.

Or, on le voit, les impacts dramatiques du changement climatique se multiplient déjà (sécheresses, mégafeux, inondations), avec 1,2°C de hausse actuellement. De plus, les coûts économiques de ces évènements sont croissants : par exemple, le coût des inondations qui ont laissé un tiers du territoire pakistanais sous l’eau cette année ont coûté 30 milliards de dollars et ont fait des millions de sinistrés.

En termes d’émissions de gaz à effet de serre, seule une vingtaine d’États, sur 183, font aujourd’hui office de bon élève. L’UE en fait partie.

Les avancées de l’Union Européenne

L’UE souhaite réduire ses émissions de CO2 d’au moins 57% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. La législation européenne propose ainsi :

  • Une extension des marchés de quotas d’émission aux bâtiments et aux transports routiers et maritime ;
  • Un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE ;
  • Des objectifs d’émissions propres pour chaque État-membre ;
  • Un fonds social climat pour les foyers et entreprises vulnérables;
  • Des initiatives de verdissement des carburants et du mix énergétique européen.

L’Union européenne et ses États-membres sont les plus importants contributeurs publics au financement de la mitigation et de l’adaptation au changement climatique dans le monde. En 2021, cette participation s’élevait à 23 Md€. De plus, l’Europe ne contribue plus qu’à hauteur de 9% des émissions mondiales de GES. Cela n’engage pas à réduire les ambitions qui sont les nôtres, mais à constater que les efforts européens sont bel et bien présents.

Un accord historique et bénéfique

Un accord « historique » a finalement été trouvé sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique. Il s’agit en effet de compenser les dégâts causés par le changement climatique dans les pays les plus pauvres, qui sont les plus touchés alors qu’ils émettent moins de GES que les pays les plus riches. Si le texte de l’accord laisse certaines questions en suspens, il acte le principe de la création d’un fonds financier spécifique.

Depuis de nombreuses années, les pays pauvres réclamaient cette compensation, dont l’absence résonnait comme une injustice. Ce fonds qui rétablit la justice climatique devrait être opérationnel dès 2023. Emmanuel Macron a proposé un sommet à Paris pour un « nouveau pacte financier » avec les pays vulnérables, avant la prochaine COP qui se tiendra dans un an à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis.

 

Des avancées mais aussi des déceptions

Le bilan a été perçu comme mitigé par les observateurs politiques et médiatiques présents : d’un côté, cet accord pour financer les « pertes et dommages » des pays pauvres est une avancée indéniable ; de l’autre, l’absence de concrétisation de réduction des émissions de GES inquiète. Le poids des lobbys ou certains États pétroliers ralentissent le rythme des avancées. Cette COP apparaît ainsi comme un semi-échec, d’un accord a minima « en décalage avec la gravité de la situation » : l’Union Européenne a fait part de sa déception.

Cependant, cela ne doit pas renforcer une quelconque résignation face au défi du changement climatique, mais au contraire renforcer notre ambition et notre volonté de coopérer internationalement, pour parvenir à atteindre la neutralité carbone et à limiter le réchauffement climatique.

 

La majorité présidentielle, et notamment le groupe Horizons, mène ce combat avec détermination, à l’image de la loi sur les énergies renouvelables qui est débattue en ce moment sur les bancs de l’Assemblée nationale.