La réforme de la voie professionnelle

 

La réforme de la voie professionnelle est un débat mis à l’ordre du jour dans le cadre de la semaine de contrôle de janvier 2023, s’est tenu le lundi 9 janvier 2023.

Il a été organisé en deux parties : une première, sous forme de table-ronde avec des invités et une seconde dans laquelle le Gouvernement est intervenu et les députés ont posé des questions. 

La Ministre déléguée Carole Grandjean, prépare une réforme de la formation professionnelle. Elle a installé des groupes de travail dans cet objectif en octobre 2022.  

La voie professionnelle en France

La voie professionnelle regroupe les voies menant aux diplômes du bac professionnel, du CAP, du BP, du BTS et du BMA préparés dans les lycées professionnels.

Le point commun de ces formations est leur objectif : acquérir des connaissances, des compétences et des savoir-faire dans un domaine professionnel spécifique puis, le diplôme validé, passer de la formation à l’emploi.

1. Définitions et parcours professionnel

Le lycée professionnel est un établissement d’enseignement secondaire, qui propose en complément d’un enseignement général, d’un enseignement professionnel, en relation avec des entreprises, afin d’acquérir des compétences, des connaissances et des savoir-faire dans un métier ou dans un corps de métiers. Les lycées professionnels dépendent soit du Ministère de l’éducation nationale, de l’agriculture ou de la mer (les deux derniers en charge respectivement des lycées agricoles et maritimes).

L’apprentissage est un mode d’enseignement, qui prévoit un temps partagé entre le lieu d’étude et l’entreprise. La plupart des parcours de la voie professionnelle (CAP et Bac Pro), mais aussi certains parcours de l’enseignement supérieur sont organisés en apprentissage.

La voie professionnelle peut se poursuivre après le premier diplôme ou permettre une insertion dans l’emploi directe.  Après la troisième, un élève qui s’oriente vers la voie professionnelle peut préparer :

  • Un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) en 2 ans
    • La préparation dure deux ans après la troisième. Elle a lieu dans un lycée professionnel ou un lycée professionnel agricole dans le cas du certificat d’aptitude professionnelle agricole (Capa).
    • Il existe environ 200 spécialités. Les élèves suivent des cours théoriques, des travaux pratiques, en atelier, en laboratoire ou sur un chantier selon leur spécialité et également des enseignements généraux. Une période de 12 à 16 semaines de stage en entreprise est obligatoire pour renforcer la professionnalisation de la formation.
  • Un baccalauréat professionnel en 3 ans.
    • La préparation du baccalauréat professionnel dure trois ans, de la seconde professionnelle à la terminale professionnelle.
    • Les enseignements sont basés sur la maîtrise de techniques professionnelles. Les élèves font des travaux pratiques en atelier ou en classe et plusieurs mois de stages en entreprise. Cette expérience professionnelle permet d’être opérationnel sur le marché du travail.
    • La formation comprend également des enseignements généraux. Les élèves suivent des cours de français, histoire-géographie et d’éducation morale et civique (EMC), mathématiques, langue vivante, éducation physique et sportive, éducation artistique et selon les spécialités, un enseignement de sciences physiques et chimiques ou une deuxième langue vivante.
    • Il existe près de 100 spécialités de baccalauréat professionnel.

2. Historique

En 1919, loi Astier voulait favoriser la formation professionnelle en alliant l’école et l’atelier.

Le décret n°59-57 du 6 janvier 1959 établit des « lycées classiques, modernes et techniques » ; les anciens collèges techniques et les écoles nationales professionnelles sont transformés en lycées techniques.

En 1977 sont institués les lycées d’enseignement professionnel.

En 1919, la création du CAP est mise en œuvre par la loi Astier. En 1967, il s’agit du brevet d’études professionnelles (BEP) et en 1976, les collèges d’enseignement technique (CET) qui deviendront par la suite les lycées d’enseignement Professionnel (LEP).

En 1985, la réforme du baccalauréat professionnel est mise en œuvre par une vaste réforme de l’enseignement professionnel qui institue un an plus tard, en 1986 pour remplacer le lycée d’enseignement professionnel, le Lycée Professionnel (LP), les classes de 4e et de 3e sont réintégrées au collège. Les lycées généraux et les lycées techniques sont alors regroupés sous le nom de lycée d’enseignement général et technologique. Il permet aux titulaires d’un BEP ou d’un CAP de compléter leurs études secondaires et même d’envisager des classes post-bac.

3. Chiffres clés

  • 626 700 lycéens = 1 lycéen sur 3 →ces chiffres sont en continuelle baisse depuis 1980 (807 900 élèves).
  • 72 900 enseignants
  • 2 090 établissements
  • Taux de réussite au baccalauréat professionnel : 82,3%
  • Taux de réussite au CAP : 83,6%

En bac professionnel, quatre spécialités (commerce/vente, services, carrières sanitaires et sociales, électricité/électronique) regroupent 56 % des élèves.

  • 63% des diplômés de bac professionnel poursuivent leurs études, en grande majorité pour préparer un BTS.
  • 2 ans après l’obtention de leur diplôme, 41% des titulaires d’un CAP ont un emploi, et 53% pour ceux qui ont un bac pro.
  • Les 2/3 des lycéens décrocheurs viennent de la voie professionnelle.

4. 2017-2022

Le précédent quinquennat a débuté une réforme d’ampleur, sans néanmoins passer par des mesures législatives : le projet de transformation de la voie professionnelle, présenté le 28 mai 2018, est issu d’une mission confiée à la députée Céline Clavez et le fruit de larges concertations avec les professionnels et le milieu éducatif.

Les points clés de la réforme entamée lors du précédent quinquennat, la transformation de la voie professionnelle (TVP) :  

  • Création de campus d’excellence dans les territoires
  • Test de positionnement en début de lycée, pour Tous les élèves de seconde générale et technologique ou professionnelle et de première année de CAP
  • Des financements du programme d’investissement d’avenir en faveur de la voie professionnelle
  • De l’apprentissage dans tous les lycées professionnels
  • Développement des formations tournées vers l’avenir et transformation progressive des filières non insérantes
  • Partenariat renouvelé avec les entreprises
  • CAP en 1, 2 ou 3 ans
  • Taux d’insertions de chaque formation rendus publics
  • Seconde professionnelle organisée en 14 familles de métiers, progressivement installées
  • Enseignements généraux contextualisés et mieux articulés avec les enseignements professionnels avec co-intervention de professeurs généraux et professionnels
  • Choix offert en terminale entre module d’insertion professionnelle et un module poursuite d’études
  • Réalisation d’un chef d’œuvre présenté au baccalauréat professionnel ou au CAP : réalisation très concrète qui s’appuie sur les compétences transversales et professionnelles travaillées dans la spécialité étudiée. Il est l’aboutissement d’un projet pluridisciplinaire qui peut être individuel ou collaboratif.

 

Le nouveau parcours d’un élève entrant en Bac Professionnel

Les enjeux  

  1. Décrochage scolaire 
  2. Maîtrise des savoirs fondamentaux 
  3. Insertion dans l’emploi 
  4. Transition vers l’enseignement supérieur 
  5. Valorisation de la voie professionnelle auprès des élèves et des entreprises
  6. Lisibilité et cohérence des formations avec le monde du travail
  7. Fluidité entre les parcours et adaptabilité dans le parcours.

La réforme de la voie professionnelle : les annonces gouvernementales

La réforme entamée lors du précédent quinquennat doit être renforcée et approfondie. Les travaux sont conduits par la Ministre en charge, Carole GRANJEAN et ont débuté en juillet 2022. Les expérimentations qui en résultent débuteront en 2023. Emmanuel MACRON, à l’occasion d’un déplacement dans un lycée professionnel, a dessiné les contours de la réforme à venir.

La méthode

  • Création d’un ministère délégué à l’enseignement et à la formation professionnelle
  • Installation de 4 groupes de travail, mené par des recteurs d’académie autour des enjeux identifiés de : lutte contre le décrochage scolaire, de progression du taux d’insertion dans l’emploi, de sécurisation des poursuites des études.
  • Poursuite du travail du Comité de suivi de la TVP.

Ce que l’on sait de la réforme – décembre 2022

  • Objectif principal : le rapprochement du monde du travail et faire de cette voie une voie de choix et de réussite
  • Entrera en vigueur progressivement à partir de la rentrée 2023.
  • Augmentation de la durée des stages des lycéens professionnels de 50 % à la rentrée 2023
  • Réintroduire une orientation précoce dès la 5e, qui pourra consister en des journées ou demi-journées d’information sur le monde du travail avec des entreprises qui entrent au collège.
  • Diminution de la part des enseignements généraux
  • Transformer les formations ayant peu de débouchés vers les formations d’avenir
  • Double tutelle de l’éducation nationale et du ministère du travail de la voie professionnelle
  • Lutter contre le recrutement avant la fin du diplôme (10% des élèves)
  • Rapprochement des gouvernances, avec plus de professeurs et encadrants issus du monde professionnel et que leur place soit renforcée dans les conseils d’administration.
  • Les professeurs de lycées professionnels pourraient aussi être sollicités pour faire visiter leur établissement aux collégiens et leur présenter les métiers préparés. Ce faisant, ils rempliraient les missions supplémentaires donnant lieu à une compensation financière.
  • Donner aux chefs d’établissement d’avantage d’autonomie, pour « porter des projets pour diminuer le taux de décrochage, augmenter le taux d’insertion et augmenter la réussite si la poursuite d’études est choisie »
  • Révision des cartes de formations localement, bassin d’emploi par bassin d’emploi.
  • Hausse de la rémunération des stages des étudiants en lycée professionnel et prise en charge par l’Etat : actuellement la gratification de stage est de 3,90€/h. Cette gratification n’est obligatoire que pour un stage de plus de 44 jours. Emmanuel MACRON a annoncé que l’Etat qui prendra en charge la rémunération des lycéens professionnels en stage et non l’employeur.