Notre rencontre avec Pap Ndiaye, Ministre de l’Éducation nationale

Ce 14 février 2023, j’ai été reçu par Pap Ndiaye, Ministre de l’Éducation nationale, avec mes dix collègues parlementaires alsaciens de la majorité présidentielle Louise Morel, Charlotte Goetschy-Bolognese, Françoise Buffet, Bruno Studer, Didier Lemaire, Ludovic Haye, Patricia Schillinger, Charles Sitzenstuhl, Hubert Ott et Stéphanie Kochert.

Cela doit être enseigné en cours d’histoire

Les parlementaires alsaciens et mosellans de la majorité avaient écrit un courrier au ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, lui demandant l’intégration de l’histoire des incorporés de force dans les livres d’histoire de collèges et lycées.

Notre rencontre de ce jour avec le ministre correspond au 80e anniversaire de la promulgation des deux décrets instituant l’incorporation de force.

La réponse du ministre

Le destin des « malgré nous » est un épisode singulier et important de l’histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale.

Dans le cadre de leur liberté pédagogique, les professeurs peuvent tout à fait choisir d’évoquer le sort des incorporés de force alsaciens et mosellans. Ainsi, en classe de 3e, les incorporés de force peuvent être abordés dans le cadre du thème consacré à « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) », et plus précisément dans l’objet d’enseignement « La France défaite et occupée. Régime de Vichy, collaboration, Résistance ».

En CAP, l’évocation de la défaite de 1940 permet également aux enseignants d’aborder s’ils le souhaitent la question des « malgré nous ».

Enfin, l’étude de la Seconde Guerre mondiale est approfondie dans les classes du cycle terminal : en première professionnelle, l’étude des deux guerres mondiales inclut le sort de la France ; en terminales générale et technologique, les enseignants peuvent traiter du sort des incorporés de force dans le cadre d’un cours sur la France dans la guerre ou d’un autre sur le front de l’Est.

Concernant les manuels scolaires, le principe de liberté éditoriale ne permet pas au ministère d’imposer à un éditeur de manuel, qui est libre de ses choix tant qu’ils ne contreviennent pas au texte des programmes ou aux lois de la République, de traiter l’histoire des incorporés de force alsaciens et mosellans.

Les incorporés de force alsaciens

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Alsace avait été annexée par l’Allemagne nazie. De nombreux Alsaciens ont été contraints de servir dans l’armée allemande, on les appelle les « incorporés de force ».

En 1942, les autorités allemandes ont commencé à recruter de force des Alsaciens pour rejoindre l’armée allemande. Environ 130 000 Alsaciens ont été incorporés de force dans l’armée régulière allemande ; la moitié était des conscrits âgés de 18 à 35 ans.

Les autres étaient des prisonniers de guerre, des déportés politiques, des Alsaciens qui avaient fui en Allemagne pour échapper à la conscription, ou des travailleurs forcés.

Ce sont plus de 100 000 hommes qui vont partir sur le front. Pour la Moselle, ils seront environ 30 000. Les femmes aussi ont été forcées de participer à l’effort de guerre du côté ennemi. Elles étaient au nombre de 15 000.

Les incorporés Alsaciens et Mosellans on été envoyés, dans leur grande majorité, sur le front russe : il y avait une crainte de la part des nazis qu’ils désertent et qu’ils ne veuillent pas combattre contre leur propre patrie, la France. 30 000 d’entre eux mourront au combat, 10 000 seront portés disparus et 30 000 autres reviendront blessés ou invalides.

Beaucoup d’entre eux ont été tués, blessés ou capturés par les Soviétiques, et ceux qui ont survécu ont souvent été traumatisés par leur expérience.

Les cicatrices de cette expérience ont laissé une empreinte durable sur les communautés alsaciennes et mosellanes, et l’incorporation de force reste un sujet douloureux pour de nombreuses personnes.

En 2022 et 2023 ans le Donbass, il y a des Ukrainiens qui sont incorporés de force dans l’armée russe. Ce sont des évènements qui se reproduisent dans beaucoup de conflits armées, d’où l’importance de l’enseigner.