Explications des causes de la hausse du coût de l’énergie
Même si l’inflation actuelle provient de différentes causes, la principale raison de la hausse générale des prix est la hausse majeure des prix de l’énergie.
Le retour de l’inflation en France et dans le monde
L’inflation, qui consiste en une hausse générale et durable des prix, est restée basse en France depuis 30 ans. Elle se situait, pendant cette période, dans une fourchette de 0% à 3% ou 4% maximum. L’inflation a même parfois été légèrement négative (on parle alors de déflation), comme en 2016 ou pendant la pandémie de Covid-19 en 2020. Cependant, on assiste depuis l’été 2021 à un retour en force de l’inflation, qui s’est traduit des taux grandissants au cours de l’année 2022, et ce dans toute l’Europe.
Cette inflation a des causes multiples, à la fois conjoncturelles (liées au contexte actuel) et structurelles (liées aux structures financières et économiques). La principale cause est cependant clairement identifiée : l’augmentation des prix de l’énergie.
La cause principale : l’augmentation des prix de l’énergie
La principale raison à l’inflation est l’augmentation des prix de l’énergie. Elle contribue ainsi à 3,1% du total de 5,3% d’inflation entre 2021 et 2022. Les causes de cette augmentation sont multiples : la guerre en Ukraine joue un rôle majeur, car l’Ukraine et la Russie sont de grands pays exportateurs d’énergies fossiles, or les importations venant de ces pays ont largement baissé depuis le début du conflit. D’un autre côté, l’épuisement des stocks d’énergies fossiles et les politiques publiques de transition énergétique contribuent aussi à la hausse des prix.
Or, l’Union Européenne est très dépendante des importations étrangères d’énergies fossiles (par exemple, elle importe 98,5% du pétrole consommé), énergies qui représentent 70% de l’énergie totale consommée.
L’impact de la hausse des prix de l’énergie contribue donc fortement à l’inflation générale.
Les autres causes de l’inflation, structurelles et conjoncturelles
Dans les causes conjoncturelles, liées aux circonstances, on trouve les suivantes :
- L’inflation est mesurée sur un an, or la précédente mesure était particulièrement basse, à la suite de la pandémie de Covid-19 ;
- La reprise de l’activité post-Covid implique un rattrapage de la demande qui augmente les prix ;
- La Guerre en Ukraine, qui on l’a vu, influe négativement sur les cours des prix de l’énergie ;
- L’euro a été déprécié par rapport à d’autres monnaies, ce qui renchérit le prix des importations.
Dans les causes structurelles, on peut constater que :
- La pandémie a modifié les modes de vie et de travail(on achète plus de matériels informatiques, alors que la disponibilité des composants électroniques ne suit pas forcément ;
- La politique de création monétaire des banques centrales se traduit par des volumes de liquidité (espèces) qui impactent l’inflation.
Une inflation qui pèse davantage sur le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres
En France, les dépenses d’énergie dépendent du niveau de revenu des ménages. Elles représentent 12,7% des dépenses de consommation des ménages aux plus faibles revenus, contre 9,5% pour les ménages aux revenus les plus importants.
Plus la part de produits affectés par une forte hausse de prix est importante pour un ménage, plus le ménage est affecté par cette inflation. Les ménages les plus modestes sont donc les plus touchés par l’inflation actuelle ; au niveau des catégories socio-professionnelles, ce sont pareillement les ouvriers, employés et agriculteurs qui sont les plus touchés, à l’inverse des cadres.
Dans la zone Euro, le taux d’inflation varie du simple au triple : il est de 6,5% en France, contre 9,1% en moyenne dans la zone Euro, et même plus de 20% dans les trois pays baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie). On remarque donc que la France, même si elle subit également fortement cette inflation, est moins touchée par la flambée des prix. Il existe plusieurs raisons à cela, par exemple l’importance du parc nucléaire français qui assure une certaine souveraineté énergétique mais aussi le « bouclier tarifaire » mis en place pour contenir la hausse ; ces raisons seront détaillées dans la suite de cet article.
Les raisons qui permettent à la France de contenir l’inflation
L’inflation est passé en France de 1,5% en juillet 2021 à 6,8% en juillet 2022, avant de ralentir légèrement en août (6,5%). Elle est cependant moins forte que l’inflation moyenne de la zone Euro. Cela s’explique par plusieurs raisons.
La France est très dépendante de l’étranger pour sa consommation d’énergies fossiles : 98,5% pour le pétrole ; 98% pour le gaz ; 100% pour le charbon. Cela pose un problème de souveraineté énergétique qui contribue à l’impact plus important de l’inflation des prix de l’énergie. Cependant, la consommation d’énergies fossiles représente pour la France 50% de sa consommation finale : ce chiffre s’élève à 80% pour le reste du monde, en moyenne. Ainsi, le parc nucléaire français permet à notre pays d’être moins dépendant des importations d’énergies fossiles, notamment pour produire de l’électricité.
De plus, le bouclier tarifaire, comme d’autres mesures mises en place par le gouvernement, a permis et permet encore de contenir les effets de l’inflation. Sans le bouclier, l’inflation aurait ainsi été de 3,1 points plus élevés. Le bouclier s’est notamment décliné sur deux sujets majeurs :
- Il a permis le gel des tarifs réglementés du gaz à leur niveau d’octobre 2021 (ils sont d’habitude actualisés chaque mois). Ce gel a évité une hausse de 47% des tarifs.
- Également, le plafonnement de l’augmentation des tarifs de vente de l’électricité en février 2022. Les tarifs n’ont augmenté « que » de 4% TTC en un an, évitant une hausse potentielle de 35,3% TTC sans ce plafonnement.
Ce bouclier a un coût : 24 milliards d’euros en 2022, 45 milliards d’euros en 2023. Le gouvernement décide pourtant de l’assumer, afin de permettre aux ménages de ne pas subir encore davantage les effets délétères de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.