Le 10 juin 2025, nous avons adopté à l’Assemblée nationale le version finale de la proposition de loi sur la profession d’infirmier de mon collègue et ancien ministre de la santé, Frédéric Valletoux et la députée Renaissance, Nicole Dubré-Chirat. Après avoir trouvé un accord en commission mixte paritaire le 3 juin, le Sénat votera ce texte le 19 juin prochain. Il vise à renforcer et à redéfinir la profession.

Une réponse face à la crise du système de santé

Cette proposition de loi intervient dans un contexte de désertification médicale et de vieillissement de la population. L’accès au soin se complique, surtout en zones rurales d’où la nécessité de reconnaître le rôle des infirmiers en France. Ce texte s’inscrit dans la continuité d’actions gouvernementales autour d’une collaboration avec les représentants des professionnels de la profession infirmière.

Plusieurs réformes récentes ont préparé le terrain :

  • la loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé introduisait la notion de pratique avancée pour les infirmiers,
  • la loi Rist du 26 avril 2021 a permis la simplification de la coopération entre professionnels en permettant notamment aux infirmiers de pratiquer certaines vaccinations,
  • la loi Rist 2 du 19 mai 2023 portant sur l’amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, à introduit à titre expérimental un accès direct des patients à certains soins et professionnels paramédicaux (kinésithérapeutes et orthophonistes), une mesure réintroduite dans la proposition de loi.

Une proposition de loi en phase avec les acteurs du terrain

C’est dans ce contexte que j’ai eu l’occasion d’accueillir mon collègue Frédéric Valletoux, dans notre circonscription le 15 mai dernier. Nous nous sommes rendu à l’IFSI-IFAS et à l’EPSAN de Brumath, pour rencontrer les acteurs de terrain. L’occasion de recueillir leurs avis sur la proposition de loi : système moins médecin centré, redonne du sens aux métiers, favorise les équipes pluridisciplinaires et une meilleure valorisation de l’engagement dans le métier infirmier qui était attendu par les professionnels.

Nous avons aussi échangé sur la formation et sur le nouveau programme qui entrera en vigueur à la rentrée 2026. Une réforme bienvenue et attendue depuis 2009, mais qui soulève un autre problème : le niveau des élèves qui ne cesse de baisser.

En effet, si la proposition de loi et le nouveau programme permettent l’augmentation des compétences des infirmiers, les formateurs observent une baisse de compétences des étudiants. Nous avons ainsi évoqué un problème dès la phase d’orientation : une description du métier faussée et un décalage avec la réalité et le niveau d’exigence.

Une redéfinition du rôle d’infirmier

La proposition de loi redéfinit le rôle des infirmiers en élargissant et en précisant leurs missions : soins variés, coordination du parcours de santé, participation à la prévention, à la formation et à la recherche. Elle permettra d’instaurer un droit de prescription autonome pour certains produits et examens, dont la liste sera fixée par arrêté. La loi prévoit aussi une révision de la rémunération, tenant compte de la pénibilité du métier.

Une expérimentation d’un accès direct aux infirmiers

Le texte prévoit également une expérimentation de trois ans dans cinq départements, permettant un accès direct aux infirmiers, sans passer par un médecin, en ville ou en établissement. Les soins seront remboursés par l’assurance maladie, avec un compte rendu transmis au médecin traitant.

Une évolution des statuts

Enfin, le texte facilite l’évolution des statuts des infirmiers en pratique avancée (IPA), qui pourront exercer dans de nouveaux secteurs (Centre de protection maternelle et infantile (PMI), santé scolaire, aide sociale à l’enfance (ASE)…). Les infirmiers spécialisés (anesthésie, bloc, puériculture) pourront aussi devenir IPA tout en gardant leur spécialité.

Une adoption majeure portée pour une meilleure reconnaissance

En adoptant ce texte le 10 juin, l’Assemblée nationale a franchi une étape décisive vers une meilleure reconnaissance de la profession infirmière. Avec mes collègues du groupe Horizons & Indépendants, nous avons voté ce texte avec conviction. Il incarne une vision moderne et cohérente de notre système de santé : plus souple, plus réactif, et mieux ancré dans les besoins du terrain. C’est à la fois une réponse aux difficultés d’accès aux soins, une reconnaissance méritée de la profession infirmière, et un engagement pour l’avenir du soin en France. C’est ainsi que nous attendons le vote final de cette proposition de loi qui aura lieu le 19 juin prochain, afin qu’elle soit publiée dans le journal officiel et promulguée rapidement.