Le 8 mai 2025, visite du barrage hydroélectrique de Gambsheim, symbole de la coopération franco-allemande en matière de transition énergétique.

Cette visite, organisée en partenariat avec EDF Hydro Est, a permis de mettre en lumière les enjeux contemporains de l’hydroélectricité en France et les spécificités de cet ouvrage emblématique situé sur le Rhin.

Le potentiel hydroélectrique en Alsace

L’Alsace se distingue par ses 12 centrales hydroélectriques, équipées de 61 groupes de production, pour une puissance installée de 2 130 MW et une production annuelle de 8,7 TWh/an. Ces infrastructures représentent près de 20 % de la production hydroélectrique d’EDF. Le bassin du Rhin, avec ses 10 centrales  (dont 2 franco-allemandes) en cascade et 9 barrages, assure à lui seul une production de 1 500 MW de puissance installée.

Inaugurée en 1974, la centrale de Gambsheim incarne une coopération transfrontalière solide. Elle intègre également un barrage mobile, deux écluses de navigation et une échelle à poissons, témoignant d’un engagement pour la préservation de la biodiversité.

Cette année marque le 50e anniversaire de la centrale, soulignant l’importance de ce site dans le secteur énergétique de la région Grand Est.

Des équipements modernisés pour une production durable

Des projets de modernisation sont mis en oeuvre afin d’optimiser la capacité de production par l’ajout d’un cinquième groupe de production et la mise à niveau des composants existants. En 2024, il y a eu une modernisation des groupes de production Ottmarsheim, Fessenheim, Kembs, Marckolsheim et Rhinau et en 2025, la suite des rénovations avec les groupes Fessenheim, Kembs, Marckolsheim et Rhinau. 10 millions d’euros sont investis en moyenne par an.

Le projet d’ajout d’un cinquième groupe de production s’inscrit dans cette stratégie, tout comme les initiatives visant à faciliter la migration des poissons, notamment par la réalisation de six passes à poissons, avec deux supplémentaires en cours de construction.

L’enjeu de l’hydroélectricité en France

Ce fut l’occasion d’échanger avec Alexandre Chevrier, directeur d’EDF Hydro Est, sur les enjeux de la gestion des ressources en eau dans un contexte de changement climatique et de transition énergétique.

En effet, l’hydroélectricité est la deuxième source de production électrique derrière le nucléaire et la première source d’électricité renouvelable en France. Dans le cadre de la troisième Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE 3 pour 2024-2035), une étude a été réalisée en 2022 pour mettre à jour les données de l’hydroélectricité.

Les résultats montrent qu’il reste encore un potentiel de production hydroélectrique de 653 mégawatts sur des sites vierges (non encore exploités et hors zones protégées), et de 368 mégawatts sur des barrages ou seuils déjà existants.

Pour une exception française face aux contraintes européennes

Une proposition de résolution européenne a été déposé à l’Assemblée nationale pour préserver les concessions hydroélectriques françaises d’une mise en concurrence.

Depuis 2014, une directive européenne (la directive 2014/23/UE) impose que les contrats de concession — c’est-à-dire les autorisations d’exploiter certains services publics — soient attribués ou renouvelés après un appel d’offres. Jusqu’à présent, la France n’a pas procédé à de telles remises en concurrence : l’État a confié leur exploitation à des acteurs publics ou historiques, sans remettre en jeu ces contrats. Ce choix repose sur des raisons techniques, environnementales et de sécurité.

En raison de ce manquement, la Commission européenne a lancé deux procédures à l’encontre de la France : l’une en 2015 pour abus de position dominante d’EDF, l’autre en 2019 pour non-respect de la mise en concurrence. Ces procédures freinent aujourd’hui des investissements importants, pourtant essentiels pour moderniser et développer notre production d’électricité renouvelable.

A l’Assemblée, nous souhaitons inviter les autorités françaises à travailler à la possibilité d’exclure l’hydroélectricité du champ de cette directive européenne car il ne s’agit pas d’un bien comme les autres. L’exploitation d’un barrage a un impact direct sur la gestion de l’eau, la sécurité des personnes vivant en aval, et la transition énergétique ce qui justifierait un régime spécifique.